1/ Monsieur Féry, êtes-vous déçu de l’issue de cette saison ?
C’est évidemment une déception au regard du travail énorme accompli cette année. Evidemment qu’on aurait imaginé une fin de saison différente avec des barrages et l’engouement que l’on connaît autour de cela. A cinq ou six journées de la fin, nous pouvions garder l’espoir d’être dans le coup jusqu’au bout. Si on reste sur les émotions, bien évidemment, il y a de la déception. Après, notre rôle est d’avoir une analyse précise et de regarder ce qui a bien fonctionné pour capitaliser sur cet acquis. Et d’un autre côté, traiter les raisons pour lesquelles on n’est pas où on aurait aimé être. Et corriger, progresser.
2/ Voyez-vous des points positifs à cette saison malgré tout ?
Les deux derniers mercatos visaient à construire un effectif compétitif et de qualité, je crois qu’ils ont fait l’unanimité. Le club a été ambitieux dans cette transition et l’a montré avec de réels efforts. C’est une des réussites collectives du FCL. Ensuite, tout le monde a été très heureux de voir l’élan, l’entrain, et la dynamique du club sur le début de saison. Il faut féliciter les équipes, Mickaël Landreau et son staff. Ils ont insufflé une dynamique intéressante. C’est peut-être dur de repenser à cela en fin de saison, où la déception prédomine mais on ne doit pas oublier non plus. Mon rôle est de regarder ce qui a fonctionné et comment nous pouvons aller plus haut. Je vois dans tous les secteurs du FC Lorient, des gens qui travaillent d’arrache-pied avec une détermination et des convictions. On a le droit d’être déçus. Je pense aux supporters, aux partenaires et aux joueurs. Tout le monde, à un moment, y a cru. On a été prudent en début de saison parce que nous respectons cette Ligue 2. Mais on a eu des possibilités pour être dans le coup. Le coach, le premier, a dit que si nous étions capables de battre deux fois le leader, c’est que sportivement nous avions les ingrédients. Après, le manque de constance nous a empêchés de rester dans la course au final. Nous avons été affectés par le résultat du dernier match, mais surtout le niveau d’engagement très surprenant pour une rencontre avec un tel enjeu. Mais on ne va pas résumer une saison sur un match. Dans ce qui a bien fonctionné, il faut retenir aussi que le club n’a jamais autant marqué en Ligue 2. Il y a eu des buts, du spectacle et des émotions. On a aussi fait la plus longue série de matches en marquant au moins une fois. Cela veut dire qu’il y a eu une constance offensive. On a pris 1.8 points par match face aux dix premiers de Ligue 2. On avait donc l’équipe pour rivaliser avec les meilleurs effectifs. Ce n’est pas neutre.
3/ Mais pourquoi, en est-on là aujourd’hui ?
Avec douze défaites, l’équipe a laissé trop de points en route et encaissé trop de buts (46 contre 24 encaissés par Reims). On en vient à un problème de régularité. On n’a pris que 1.5 points en moyenne face aux dix derniers du championnat. Les chantiers sont là. C’est dans l’état d’esprit pour aborder les matches face à des adversaires supposés plus abordables qu’il nous faut absolument trouver un axe d’amélioration. Il y a probablement des raisons tactiques pour lesquels le coach est bien mieux placé que moi pour répondre mais je pense qu’il y a également une question d’engagement pour ce genre de match que nous n’avons pas pris par le bon bout. Notre 38ème journée est malheureusement une bonne illustration de cela. Cela ne doit pas occulter le fait que nous avons été solides face aux grosses équipes.
4/ A l’issue de cette première saison, cohésion et stabilité semblent rester les mots d’ordre.
J’ai été clair la saison dernière quand j’ai décidé, avec l’implication de Fabrice Bocquet, de Christophe Le Roux et de Régis Le Bris, de porter le choix vers Mickaël Landreau et de lui faire signer un bail de longue durée. C’est justement dans le temps que l’on construit cette capacité à monter une équipe compétitive et un projet de club. La stabilité est importante, et le FC Lorient a besoin de cette stabilité. J’apprécie de travailler avec Mickaël Landreau et je vois une cohésion forte au club entre les forces vives du FCL. Evidemment, les résultats sont essentiels. Je fais confiance aux équipes en place et aux joueurs. Mais quand vous perdez contre les deux derniers lors des cinq dernières journées, vous n’avez pas votre place aux barrages. Il nous a manqué par moment un état d’esprit, de la combativité, une certaine cohésion de groupe. Je compte aussi sur les cadres du vestiaire pour permettre au groupe de gagner un supplément d’âme. J’ai longuement rencontré Mickaël Landreau en début de semaine, les équipes sont complétement concentrées sur la saison prochaine. L’entraîneur est lucide sur la situation et j’ai également entendu certains joueurs se remettre en question. Tout le monde assume une part de responsabilité. Pour moi, c’est un signe d’honnêteté et un vrai pas vers la progression. On en tirera profit la saison prochaine.
5/ L’objectif de la saison prochaine est-il clairement annoncé ?
L’objectif est de remonter ! Cette année, on était peut-être plus prudents dans la manière de définir cet objectif car les clubs qui descendent ont parfois beaucoup de mal à gérer cette transition en L2. A ce titre, une des réussites de la saison est d’avoir réussi à remettre le club dans une direction positive avec une dynamique, un objectif de travail avec un effectif garant d’une certaine compétitivité. La remontée la saison prochaine passera par une grande exigence de tous. Pour monter, il faut plus de vingt victoires et moins de dix défaites. C’est essentiel de tirer profit de cela.
6/ Le budget sera forcément moins important la saison prochaine. Que pouvez-vous nous dire sur l’avenir des services administratifs ?
Nos ressources, nos revenus vont baisser de 6M€. Tout simplement parce que nous avons reçu une aide à la relégation l’an passé. Cela ne veut pas forcément dire que nos charges vont baisser d’autant. Maintenant, il faut clairement s’adapter à un environnement. Le club représente 130 emplois sur le bassin lorientais (joueurs compris) et on a fait le choix assumé de maintenir les équipes administratives en ligne avec les mêmes effectifs qu’en Ligue 1. Malgré le fait qu’une deuxième saison en Ligue 2 impacte le budget, je ne suis pas du tout dans l’optique de procéder à une vague de départs ou de licenciements parce que le FCL a un cap qui est celui de remonter en L1. Il n’est pas question aujourd’hui de réduire les efforts au niveau du Centre de Formation, de l’administratif et du commercial car ce sont les bases du club. Même si cela devait s’imposer en cas de prolongation de notre bail en Ligue 2, ce n’est pas à l’ordre du jour aujourd’hui.
7/ Et de l’effectif professionnel ?
En ce qui concerne l’effectif, la responsabilité en revient à la direction sportive et au staff de travailler avec la Direction Générale pour définir les grandes lignes de ce qu’ils souhaitent faire. Le souhait de Mickaël Landreau est de réduire l’effectif. L’année dernière, on a réalisé 17 départs et 9 arrivées. Le souhait du sportif est de resserrer l’effectif par rapport à la saison dernière, le staff y travaillera. Je fais confiance à Mickaël Landreau, Fabrice Bocquet et Christophe Le Roux pour réussir ce mercato. Il va nous permettre de continuer à réduire l’effectif autour d’un groupe plus restreint. Il faudra de la qualité, de la cohésion et beaucoup de détermination pour justement ne plus laisser autant de points en route.
8/ Des joueurs auront-ils un bon de sortie ?
Evidemment, certains joueurs peuvent aspirer à autre chose. Si on en est là aujourd’hui, et que l’on vit cette déception, tout de suite on pointe le club, le président et l’entraîneur, mais les joueurs ont aussi leur part de responsabilité. La plupart d’entre eux nous ont rejoints pour un projet avec de longs contrats. Nous ne sommes pas dans les dispositions pour laisser partir des joueurs. Effectivement, certains partiront, même certains avec des statuts, et c’est le souhait du coach. Mais ce n’est pas la porte ouverte. Tout départ nécessite l’accord du joueur et des deux clubs. Si le club est respecté, certains auront la possibilité de partir.
9/ Lorient a-t-il besoin de vendre d’un point de vue financier ?
Le club est obligé de rien et ne sera pas pris en otage. Il est important de rappeler qu’on a aussi la capacité d’encaisser ce changement d’environnement économique, en gardant une ossature d’un club ambitieux et de Ligue 1. Aujourd’hui, le FCL n’est pas en difficulté financière. L’actionnaire est là pour éviter l’aboi dans des périodes plus délicates. Ce n’est pas du tout l’état d’esprit dans lequel nous sommes. Il y aura des départs et des arrivées qui nous permettront d’avoir un collectif, un groupe de joueurs plus efficace.
10/ Avez-vous ressenti une certaine tension avec les supporters à l’issue de la saison ?
Un club de foot vit avec ses supporters. Je pense évidemment à tous les fidèles qui ont encouragé la dynamique du FCL, et je tiens à les remercier pour cette mobilisation. Leur déception est logique ; encore une fois, je la comprends et la partage. Dans l’émotion du moment, moi aussi j’étais affecté par le dernier match Quevilly. Mais cela ne doit pas faire oublier les avancées. Il faut se concentrer sur la saison prochaine, et nous avons besoin de leur soutien.
11/ On a entendu les supporters et la presse réagir au sujet de Jérôme Guihoata et des stages de préparation…Qu’en est-il réellement ?
Jérôme Guihoata a été prêté dès son arrivée et le club aurait dû communiquer au moment de sa signature, ne pas l’avoir fait a été une erreur. Mais le staff était bien au courant de son prêt à Panionios et des supervisions vidéo ont été réalisées cette saison sur l’ensemble des joueurs prêtés. Concernant les stages de préparation : on sait bien que de nombreuses équipes viennent effectuer leurs stages d’avant saison en Bretagne. L’an dernier, Mickaël Landreau avait déjà choisi de rester à l’Espace FCL du fait de nos excellentes installations. Ce genre d’arbitrages relève d’échanges entre le sportif et la direction du club. Je sais que le coach préfère investir dans d’autres domaines que les stages, comme par exemple la nutrition.
12/ Comment voyez-vous l’avenir ?
J’entame ma 10ème année de présidence. A tous les niveaux du club, je vois aujourd’hui des équipes volontaires, déterminées et qui travaillent. Mon ambition est de nous établir durablement en Ligue 1. Pour honorer ces ambitions, il faut aussi des structures et des infrastructures. Trois mois après la descente, on s’est engagés sur la construction d’un terrain de compétition pour la réserve à l’Espace FCL. Même si le dossier n’est pas encore finalisé à ce jour, cela représente des investissements significatifs que je trouve important de souligner. La L2 s’annonce encore une fois compétitive. Il faut avoir les reins solides, et garder un cap sans se laisser submerger par l’émotion pour nous concentrer sur l’obligation de résultats. Et à ce sujet, je rassure tous les supporters sur notre détermination. Nos axes de recrutement vont être fortement centrés sur la problématique défensive. Quand on a encaissé 46 buts en 38 matches, c’est qu’il y a des manques. Nous allons travailler ardemment sur ces sujets pour prétendre à autre chose la saison prochaine.